JEAN HAREMZA S'EST FIXÉ À BLOIS EN VENDÔMOIS, POUR EN ÉCRIRE L'HISTOIRE COMME EN TÉMOIGNE CET ÉCHO DU BULLETIN DES ÉCOLES NORMALES SUPÉRIEURES DE 2008, QU'IL A RÉDIGÉ PEU AVANT SA DISPARITION "Quand je suis vingt ou trente mois Sans retourner en Vendômois", RONSARD


Écoles normales supérieures


                               Bulletin 2008-1 de l'Association des élèves et anciens élèves Lyon, Fontenay-aux-Roses, Saint-Cloud.
Compte rendu de 
Jean HAREMZA (Lettres Saint-Cloud 1947 et Inspecteurs Saint-Cloud 1955).
Extrait :

   
En 1984, les Éditions Privat ont publié une "Histoire de Vendôme et du Vendômois" sous la direction de Paul Wagret. Deux co-auteurs, Loisel et Vassort, ont pensé donner un successeur à ce livre depuis longtemps introuvable. Ils ont pu réunir une quinzaine de spécialistes (historiens, préhistoriens, géologues et archéologues). 





  La continuité entre les deux ouvrages repose sur trois points : 1) la solidité de l'information historique ; 2) le souci d'une vulgarisation de bon niveau, mettant le texte à la portée d'un large public ; 3) l'exigence d'une synthèse claire et harmonisée, dans le respect de la personnalité des auteurs. Les nouveautés essentielles sont : 
a) la mise à jour des connaissances, intégrant les nombreuses recherches menées depuis plus de deux décennies ; 
b) une iconographie considérablement enrichie (400 documents traités en couleur), voulue comme contribution à la fois démonstrative et esthétique ; c) 27 "doubles pages", donnant un effet de "zoom" sur un fait, un personnage ou un lieu.
   [...] J'ai ce superbe volume entre les mains : c'est un chef-d'oeuvre ! Bel objet : on réunit rarement une couverture, des illustrations (400 documents en quadrichromie) de cette qualité [...].
   Parmi tous ces spécialistes, pour la plupart vivant dans la région ou y ayant des attaches, citons au moins le géologue
Henri-Jean Soudet, qui a réalisé pour la circonstance une nouvelle carte géologique du Vendômois, appelée à faire référence. Pour ma part, je tiens à y ajouter des auteurs de "doubles pages" : François Lebrun, professeur émérite d'histoire, Université de Rennes II et l'archéologue Claude Leymarios (fouilles du château de Fréteval). Il faudra sans doute attendre un nouveau quart de siècle avant que des chercheurs reprennent le collier sur le même thème !
   Une nouvelle phase heureuse semble s'ouvrir pour l'histoire régionale [...].
JEAN HAREMZA

   Peu de temps après avoir écrit ce texte — peut-être le dernier paru sous sa signature — Jean Haremza nous a quittés aussi discrètement que brutalement. La perte est considérable pour les siens et ses nombreux amis, mais au-delà pour tous ceux qui sont attachés à la culture en Loir-et-Cher.


EN SA MÉMOIRE, NOUS REPRODUISONS CI-DESSOUS CE MAGNIFIQUE POÈME DE RONSARD QUI PARLE À NOS COEURS NOSTALGIQUES : 


Pierre de RONSARD   (1524-1585)

Quand je suis vingt ou trente mois

Quand je suis vingt ou trente mois 
Sans retourner en Vendômois,
Plein de pensées vagabondes,
Plein d'un remords et d'un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres et aux ondes.

Rochers, bien que soyez âgés
De trois mil ans, vous ne changez 
Jamais ni d'état ni de forme ;
Mais toujours ma jeunesse fuit,
Et la vieillesse qui me suit,
De jeune en vieillard me transforme.

Bois, bien que perdiez tous les ans
En l'hiver vos cheveux plaisants,
L'an d'après qui se renouvelle,
Renouvelle aussi votre chef ;
Mais le mien ne peut derechef
R'avoir sa perruque nouvelle.

Antres, je me suis vu chez vous
Avoir jadis verts les genoux,
Le corps habile, et la main bonne ;
Mais ores j'ai le corps plus dur,
Et les genoux, que n'est le mur
Qui froidement vous environne.

Ondes, sans fin vous promenez
Et vous menez et ramenez
Vos flots d'un cours qui ne séjourne ;
Et moi sans faire long séjour
Je m'en vais, de nuit et de jour,
Au lieu d'où plus on ne retourne.

Si est-ce que je ne voudrois
Avoir été rocher ou bois
Pour avoir la peau plus épaisse,
Et vaincre le temps emplumé ;
Car ainsi dur je n'eusse aimé
Toi qui m'as fait vieillir, Maîtresse.

JEAN HAREMZA, INLASSABLE DÉFENSEUR DES ÉCOLES NORMALES PUIS DES IUFM COMME EN TÉMOIGNE CETTE LETTRE OUVERTE DE 2007 AU MINISTRE DARCOS QUE NOUS RÉVÈLE PAUL MAJOWSKI

questions en débat
QUELS FORMATEURS
POUR UNE BONNE FORMATION DES MAITRES ?
Notre collègue Jean S. HAREMZA, ancien directeur d’école normale a souhaité s’exprimer dans les colonnes de la revue du SIA sur la réforme des IUFM. Il adresse une lettre ouverte à notre Ministre et celui-ci lui a répondu (cf. page suivante).

En 1990, alors que je prenais ma retraite, une loi mal venue supprimait notre École Normale et lui substituait,
dans les mêmes murs, un établissement dépendant de l'IUFM d'Orléans-Tours. On me rappelle, et pas seulement en Loir-et-Cher, que j'avais été le dernier Directeur d'une maison qui, pendant 156 années, avait formé les institutrices et les instituteurs du département (mais aussi un Haut Commissaire du C.E.A.  Et quelques Inspecteurs d'Académie, Inspecteurs départementaux, Directeurs d'E.N. ou professeurs de Faculté). Elle avait donc très solidement rempli sa mission.Voici que les IUFM disparaissent à leur tour ...C'est à cette occasion que j'adresse une lettre ouverte à Xavier DARCOS.

QUELLE EST MA MOTIVATION ?

On me connaît pour mon expertise dans le champ de la formation des maîtres (plus de quarante années de
pratique et, en outre, ma longue activité nationale dans les syndicats concernés par la question primordiale
de l'éducation de base). Pour être précis, après mes années d'École Normale Supérieure, vingt ans comme professeur, puis vingt ans comme chef d'établissement. Donc, depuis 1958, rencontres avec tous les Ministres de l'Éducation Nationale, ou encore correspondance sur tel point technique après ma cessation d'activité.

POUR BIEN FORMER LES MAÎTRES, REMARQUES ET PROPOSITIONS

Monsieur le Ministre,

Ce 31 mai, pour justifier l'existence de deux Ministères, vous avez dit qu'il y avait un monde entre celui des Universités et la pratique quotidienne dans une école maternelle. Comme vous avez raison ! Alors que votre prédécesseur décrétait hier la suppression des IUFM (leur échec assez général n'était plus un secret, en tout cas pas dans le monde des acteurs de l'Education), je me permettrai une seule suggestion. S'il vous plaît, ne donnez pas suite à l'idée de M. de ROBIEN, qui aurait souhaité que la formation des maîtres soit tout entière sous la tutelle de l'Université et de ses professeurs. Même s'il envisageait, évidemment, des relais sur le terrain.
En opposition, je me plais à citer l'exemple de Blois, mon dernier poste dans une École Normale de taille moyenne, où il se faisait un excellent travail. Car elle avait un corps de professeurs motivés, remarquablement stable, ayant une vision citoyenne de notre mission. Ajouté à cela que la panoplie de leurs diplômes n'avait rien à envier à celle des collègues universitaires avec qui nous collaborions (anciens élèves d'ENS pour plus de la moitié, idem pour l'agrégation, voire un doctorat). On travaillait à plein temps, élargissant parfois le programme national (musique, arts plastiques, EPS, qui avaient été traités chichement au lycée et pendant la conquête de la licence, antérieurement à un concours d'entrée sélectif). Cette équipe
« professionnalisée » était facteur de réussite. Or, à la rentrée qui s'annonce, ne resteront plus que deux professeurs agrégés, en poste depuis plus de vingt ans. Comment l'Université pourrait-elle leur être substituée ? Combien d'enseignants universitaires seront tentés de quitter leur chaire, pour se mêler, par exemple, à la conduite si délicate d'une classe de maternelle ? C'est en ce début de siècle que les dégâts probables deviennent inquiétants : c'est aujourd'hui que disparaissent les derniers formateurs qui étaient les acteurs de la réussite de nos Écoles normales départementales. Entre le professeur formateur et le maître devant ses élèves, il y avait toujours un réseau de conseillers pédagogiques généralistes ou spécialisés,de maîtres et de maîtresses d'application répartis sur le territoire, de la Z.E.P. au village. En supprimant les EN, on avait eu la sagesse de maintenir ce maillage. C'est cela qui a permis aux IUFM de sauver la face pendant un temps. Personne, et surtout pas moi, ne niera l'apport précieux des universitaires lorsque, par une sage revendication syndicale, nous avions « décroché » leur participation. Les bénéficiaires ont mieux dominé leur métier lorsqu'il y a eu contact entre EN et Faculté, entre praticiens et acteurs de la « science qui se fait ». L'équilibre entre nos deux institutions était progressivement devenu très harmonieux. Les recherches des uns aidaient et, souvent, éclairaient la pratique. Par un heureux mariage.

OÙ ALLONS-NOUS ?
Le nouveau Premier Ministre m'avait naguère répondu que les indispensables mesures d'encadrement seraient prises. Plus qu'un procès discourtois, mon appel à votre vigilance veut être un témoignage de ma profonde inquiétude citoyenne. Ne pensez-vous pas, Monsieur le Ministre, que restaurer une instance départementale de formation ne serait certes pas un retour en arrière, mais une décision réaliste qui rétablirait les bases de notre école républicaine ?

Je vous assure, Monsieur le Ministre, de mon profond respect et de mon dévouement. »

Blois, le 05 le juin 2007
Jean S. HAREMZA
Chevalier de la Légion d'honneur

Commandeur des Palmes académiques
-OOO-

Post scriptum

Paul Majowski qui nous a fourni ce document réagit à sa publication avec émotion : 


PAUL MAJOWSKI (PROMO 58-62)
Grand merci pour la publication de la lettre de J. Haremza à X. Darcos. Elle prouve que l’action de Zaza allait bien au-delà de notre ENG de Douai. J’ai apprécié la photo, elle nous le montre nous scrutant avec bienveillance, un oxymore. Je le vois portant une veste de cuir, du daim sans doute, comme dans les années 50 et 60.
Je l’ai toujours vu dans cette tenue en toute saison, une manière de se démarquer du costume 3 pièces. Je rêvais d’en posséder une semblable, ce qui fut fait lorsque j’ai perçu mon premier salaire. J’étais en poste au C.E.G. de Marchiennes. La proximité de la Belgique m’a donné l’opportunité de l’acquérir à un moindre coût...
Il me reste un souvenir plus “intellectuel”. Zaza s’étant fait inspecter, il vint vers nous l’oeil tout pétillant pour nous déclarer que ça s’était bien passé. Le cours avait porté sur Pascal. Y-aurait-il eu un motif pour craindre un résultat contraire ? Les normaliens n’étaient pas dans les arcanes de l’administration, et pourtant ...
Finalement mes souvenirs sont embués de rêve, perdus dans le gouffre du temps, à la fois aussi présents et vagues que ceux des normaliens de l’époque. Zaza nous a échappé pour l’EN de Blois, nous a rendu visite au cours de l’AG de 2002. L’année 2008 nous l’a pris pour toujours. Restent dans nos mémoires une discussion sur Cinna et le thème du héros, un cours probablement sur les Pensées de Pascal, et beaucoup d’humanité.

Il fallait que je le dise ...
Paul Majowski, le 7 décembre 2013




PS  : voici la dédicace qu’il m’a aimablement laissée dans le livre “L’ECOLE NORMALE” d’Alain Vincent (Ed. Alan Sutton), auquel il avait collaboré.

COUP DE PROJECTEUR SUR CHRISTIAN BECQUES, ANCIEN DE LA PROMO 54-58, ANCIEN PROFESSEUR DE NOTRE ENI DE DOUAI ET CONTRIBUTEUR RÉGULIER DE NOTRE BLOG

ON A PU LIRE DANS D'AUTRES ARTICLES SIGNÉS CHRISTIAN BECQUES (QUE L'ON PEUT RETROUVER EN CLIQUANT SUR LES LIBELLÉS À DROITE DE NOTRE ÉCRAN) QUELQUES HOMMAGES CIRCONSTANCIÉS À DES PERSONNALITÉS MARQUANTES DE NOTRE ENI DE DOUAI : PAUL DUMONT, MADAME DUMONT, GEORGET BONNET, M. MÉRIAUX, ET ENFIN MADEMOISELLE THÉRÈSE MARTIN. IL NOUS A SEMBLÉ JUSTE D'ÉVOQUER LA CARRIÈRE DE CELUI QUI FUT NOTRE CAMARADE DE PROMOTION (54-58) OU PROFESSEUR (DE 67 À 75), SELON L'ÉPOQUE CONCERNÉE. CHRISTIAN A BIEN VOULU RETRACER SON PARCOURS COMPLET, DE SON PASSAGE À L'ENI DE DOUAI JUSQUÀ SA RETRAITE À BIARRITZ.


PHOTO DE CHRISTIAN BECQUES À L'ENI EN TANT QU'ÉLÈVE -MAÎTRE
"N'ayant pas été autorisé à préparer le CAPCEG à l'EN de LILLE, j'ai donc passé l'année 1957-58 en 4° année à l'ENG de Douai ; cette année-là, M. Mériaux en était le directeur. Bravant les interdictions, sous l'oeil bienveillant de M. Mériaux, je me rendais chaque jeudi après-midi à la Faculté des sciences , place Philippe Lebon, à Lille, pour suivre quelques cours de mathématiques préparant à MGP. Bien sûr ces fragments de "formation" ne suffisaient pas... En juin 1958, j'ai donc demandé à M. Mériaux l'autorisation de préparer l'ENS de Saint-Cloud au lycée Faidherbe de Lille, ce qu'il m' a accordé: je lui en suis infiniment reconnaissant car cette "échappée" m'a permis de réussir les IPES, puis, beaucoup plus tard, le CAIP , concours que j'ai passé grâce aux conseils d'un autre directeur de l'ENG de Douai, M. Virel.
J'ai enseigné les maths à l'ENG de Douai en 67-68, puis la didactique des maths en FP jusqu'en 1975, date à laquelle j'ai été nommé IDEN à Valenciennes V, en remplacement de M. Hantute qui prenait sa retraite; je ne suis resté que 2 ans à Valenciennes V car en 1977 l'ENS de Saint-Cloud m'a proposé un poste  (didactique des maths) à l'ENS de Rabat, où, pendant 5 ans, j'ai assuré une formation aux étudiants marocains,  futurs profs de maths de lycée... Cinq ans plus tard, de retour en France j'ai dirigé l'EN de Bar le Duc puis celle d'Albi, jusqu'à la fermeture de toutes les EN de France et de Navarre (décision de Jospin) ; j'ai alors terminé ma carrière comme IPR de maths (pendant 5 ans) dans l'Académie de Limoges puis dans celle de Toulouse. Depuis la retraite, je vis à Biarritz."

 Christian Becques

THÉRÈSE MARTIN, ANCIEN PROFESSEUR DE SCIENCES PHYSIQUES, APPEL À TÉMOIGNAGES PAR CHRISTIAN BECQUES (PROMO 54 58)

À PARTIR D'UNE ANECDOTE QUE NOUS CONTE CI-DESSOUS CHRISTIAN BECQUES, ANCIEN DE LA PROMO 54 58, LUI-MÊME DEVENU PROFESSEUR DE MATHS DANS NOTRE ENI DE DOUAI, NOUS LANÇONS UN APPEL À TÉMOINS EN VUE D'HONORER LA MÉMOIRE D'UN PROFESSEUR MARQUANT, MADEMOISELLE THÉRÈSE MARTIN, QUE DES GÉNÉRATIONS DE NORMALIENS ONT CONNUE ET BEAUCOUP APPRÉCIÉE POUR SA DISPONIBILITÉ ET SES QUALITÉS TANT HUMAINES QUE PÉDAGOGIQUES.



CETTE PHOTO DE MADEMOISELLE MARTIN N'EST PAS TRÈS BONNE ET NOUS FAISONS APPEL À VOUS POUR NOUS EN FOURNIR UNE MEILLEURE

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt les différents articles consacrés aux professeurs de l'ENG de Douai
Je me souviens d'un autre professeur dont personne n'a encore parlé: Mademoiselle Martin , professeur de sciences physiques. C'est un souvenir très précis, la concernant, que je souhaite évoquer.

C'était au mois de mai 1956 ; j'étais en 2° année ; l'écrit de la 1° partie du baccalauréat approchait à grands pas: absent pendant 2 mois, suite à une intervention chirurgicale, j'avais alors de nombreuses lacunes qu'il me fallait vite combler ; en particulier, faute d'avoir suivi les premiers cours d'optique, je ne parvenais pas à comprendre cette partie des sciences physiques ; c'est alors que Mademoiselle Martin m'a proposé de reprendre avec moi (et avec un autre normalien en difficulté) toutes les notions que j'avais manquées, à raison de 2 ou 3 séances par semaine. Grâce à son aide efficace, j'ai pu obtenir la première partie du baccalauréat sans difficulté. Je l'en remercie...

PENSÉES D'AUTOMNE, PAR C.LIPTON, ASSISTANT D'ANGLAIS À L'ENG DE DOUAI, (JOURNAL REFLETS N°1 NOVEMBRE 1948)

Pensées  d'automne.


« Ô, si nous pouvions nous voir comme les autres nous voient »… dit Robert Burns le poète écossais. Pour votre bien et profit, -j'espère-  voici quelques impressions fugitives d'un bleu, votre assistant d'anglais.
Vision, bruits de choses que jamais je n'oublierai :
Nos élèves en travaux agricoles, balayant les feuilles d'automne et apportant aux occupations rustiques le même infaillible intérêt que la mise au point d'une version anglaise.
Quand, bien vite, le prof Denaw sonne l'alarme à 5:00 (ou plutôt, n'est-ce pas toujours à 5:00 moins une minute ou deux ?) La torpeur d'un languissant après-midi cède place à un dynamisme renouvelé. 



 Il semble qu'une décharge électrique vienne de propulser à travers la cour tous ces élèves, langue pendante, vers la petite salle du coin. Là, leurs appétits de fauves vont se rassasier d'un énorme quignon d'un affriolant pain sec, si volumineux qu'il faut la bouche d'un normalien pour se mesurer avec eux.
Désormais se sont éteints les accents mystiques de Loulou qui fut pour nous un cri de ralliement, la marseillaise du stade Demény.
Ces mêmes robustes poumons, ces mêmes voix stridentes qui ébranlent jusqu'aux fondations du terrain de basket, subissent une métamorphose dans la salle de classe et susurrent si doucement, si faiblement et ô, si péniblement, comme la petite voix tranquille dont parle la Bible.
Les athlètes jeunes et fringants, débordant de vigueur et d'énergie,  fument pourtant beaucoup plus qu'il n'est raisonnable pour quiconque se consacre sérieusement au sport. Et la qualité du tabac aussi est un facteur de l'endurcissement des Français : elle mettrait KO n'importe quel docker anglais. Si Dalilah, au lieu de couper les cheveux de Samson, lui avait offert un paquet de gauloises, elle serait aussi bien parvenue à ses fins.
La gamme des sobriquets et petits noms est variée, par exemple Théo  et Lucien, Coco et Ben, l'araignée et Gabelou… (Je serais très heureux de connaître le mien).
Le baptême fut aussi effrayant pour les bleus qu'intéressant pour moi (jusqu'au moment où quelqu'un suggéra… que je devais être baptisé, moi aussi). Ce fut la première fois depuis l'armée que l'on me cira mes souliers (n'est-ce pas Wibaille !)
Quelles intéressantes personnalités nous eûmes à l'école, ce jour-là ! Fées bondissantes, danseurs de ballets, arabes imposants, indiens sauvages et très antipathique bourreaux !

Quelle différence avec tout cela quand le samedi, nous nous retrouvons, paix et tranquillité ; de fourmillants bataillons défilent sous le porche, valises et sacs bondés de linge sale et de pots de confiture vides. Tous clignent des yeux à notre adresse, -nous internes-, et crient effrontément :« bon dimanche » .
« Bon week-end et bon courage ! »

C. Lipton, assistant d'anglais, novembre 1948

1ÈRE D2 PROMO 66-71 : AVIS DE RECHERCHE


En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé quelques photos de notre promo.
Je transmets celle-ci :
De gauche à droite : Depotter, Denhez, Joël Ledoux (écrasé), Pernak, Lippevelde, Lartigot
En 2ème ligne : Duez (Vde la victoire), Plouchart, Perlein (assis sur la table)
Dans le couloir, c'est Walkowiak et Lhoir

(C'EST ANDRÉ LÉGER QUI A RASSEMBLÉ LES AVIS DES UNS ET DES AUTRES ET NOUS PROPOSE LA SOLUTION RÉSUMÉE DANS LA LÉGENDE DE LA PHOTO. A VOUS DE JUGER...)

PS : rectification apportée ce 6 janvier 2014 par J.P. Bridenne : "Il ne s'agit pas de Coulon subissant l'assaut d'Alain Denhez mais de Joel Ledoux moustachu que n'était pas pas Coulon à l'époque. Il suffit de zoomer la photo
Alain Denhez pourra sans aucun doute confirmer ..."
J'ai tous les noms...mais je ne dirai rien...pour le moment.
Indice : 1ère D 2, promo 66-71

Au plaisir  d'avoir de vos nouvelles
Pierre Lavalard (CLIQUER SUR CE LIEN POUR CONTACTER L'AUTEUR DE L'ÉNIGME)
autre photo énigme : qui et où suis-je?
NE CHERCHEZ PLUS, Jean-Paul Bridenne (66-71) vient de répondre suite aux voeux de l'amicale postés sur le blog, en ce 5 janvier 2014 :
Qui ? Il s'agit de Jean-Claude Lartigot
? Dans ce bout de terrain en friches longtemps clôturé sur la rue d'Arras jouxtant la vieille entrée historique de l'ENG qui fit place à l'entrée actuelle et à la grille motorisée de l'EN rue d'Arras

A+

amitiés à tous

J.P. BRIDENNE

RETROUVAILLES D'OCTOBRE À DOUAI, MICHEL WENCEL RÉSUME LA JOURNÉE AVEC HUMOUR

"Vint´d'osier" 


Ch'timi, d'accord. Boyau rouge, on connaît. Vint´ d'osier, pas sûr   ! C'est l'appellation d'origine contrôlée des douaisiens, enfants de Gayant.)
-oOo-
Chère école normale ! La grande DKL (décale) d'été tant attendue, surtout par les camarades du fin fond du département la voyait se vider en un clin d'oeil. 
Et pourtant, quelques jours plus tard, début juillet, Gayant et sa famille quittaient traditionnellement pour trois jours leur logis surdimensionné pour présider le carnaval d'été de Douai.
Je pourrais attendre 2030, l'année où notre géant fêtera ses 500 ans, je crains de n'être pas très en forme pour vous piloter, vous, la majorité de sportifs aguerris. C'est pourquoi, profitant d'une riche exposition sur l'histoire des Gayants, nous nous sommes réunis au musée de Douai le dimanche 6 octobre autour du noyau 54-58 (millésime à conserver) pour suivre attentivement les explications de notre guide, Mme Turpin.
Monsieur Gayant , né le premier en 1530, avait été offert à l'échevinage de Douai par la corporation des manneliers, particulièrement habiles dans la fabrication des paniers. Son ventre d'osier ne lui permit pas de traverser cinq siècles mais plusieurs résurrections l'amenèrent  jusqu'à nos jours, lui, son épouse Marie Cagenon et leurs trois enfants.
Aucun chahut durant la leçon  suivie par une bonne trentaine d'auditeurs disciplinés. Cela valait bien une récompense à l'heure du midi. Mais une course de fond nous attendait le long de la Scarpe jusqu'au restaurant. 300 m…
À l'entrée, M. Joly pointait, chronomètre en main, les arrivées de chacun.
Le plus affamé accusa neuf minutes 47 au compteur ! Totalement démoralisé par nos performances, il préféra ne pas partager notre table et repartit en petites foulées rejoindre son épouse en amont du canal.
Voilà donc, après BouvinesSars-poteriesArrasMaubeuge… , le programme des retrouvailles d'automne 2013, en attendant le grand rassemblement de 2014, toutes promotions confondues.
Aux dernières nouvelles, tous les participants sont rentrés chez eux. 
Donald a regagné Nottingham le dernier. Donc pas de panique.
À bientôt. Amicalement, le 12 novembre 2013
Michel Wencel

THÉÂTRE À L'ENG, NOËL 1954 : "LE MYSTÈRE D'ADAM" PAR CHRISTIAN BECQUES (54-58)

LE THÉÂTRE, LA DÉTENTE ET LES ÉTUDES EN 3 PHOTOS D'ÉPOQUE (1954, 1956)



1° photo: sur la scène de la salle des fêtes, après la représentation du "mystère d'Adam" (un peu avant Noël 1954 je crois)
au 1° rang, six diablotins, dont G. Bouchendomme et Delfosse
au 2° rang, de gauche à droite: Morels (l'Ange, je crois), Alain Stubert (Adam), Dupuis (Dieu le Père), Christian Becques (Eve) et Leleu (Satan)
décors et costumes de Mme Dumont; mise en scène de M. Dumont; musique d'accompagnement par M. Jacquemin.


 2° photo: dans le parc, après le repas de midi, un jour où il faisait beau temps...(année 1956-57):
de gauche à droite : 
Christian Becques (promo 54-58), Michel Deschamps (promo 56-60), Yves Degrand (promo56-60) et Sikorsky (dit Siko) (promo 56-60)



3° photo: devant la verrière, la classe de Math élem de 56-57, avec M. Beuchet, professeur de maths.
Les garçons sont ceux que l'on retrouve sur les photos de l'envoi précédent (cross de Wagnonville) + Guy Lefort (en bas, à droite)

CROSS DE WAGNONVILLE, QUELQUES PHOTOS DE LA PROMO 54-58, PAR CHRISTIAN BECQUES

Bonjour
quelques recherches et je retrouve quelques photos prises à l'ENG (promo 54-58)
En voici deux où figurent les garçons de la classe de math élém (56-57), photos prises lors du cross traditionnel de Wagnonville

debout, en monôme, et de droite à gauche: Laudoux, Roger Guignard, Delfosse, Jean-Marie Jacob,X, Wencel, Fontaine, Y, M. Guerville, Christian Becques, ,Z, U, V, M. Lefebvre (dit Hô chi Minh); c'est Jean Mercier (qui se trouve en haut à droite sur l'autre cliché) qui a pris cette photo



je ne me souviens plus des noms des garçons que j'ai baptisés X, Y, Z et U, V (ils venaient du Pas de Calais et/ou des Ardennes, la classe de math élem étant académique)


 Christian Becques (promo 54-58)

DE CARCASSONNE À DOUAI À VÉLO, MARC DELMOTTE (64-68) ET SON ÉPOUSE SHIU HUA,(POUR UN TOTAL DE 1800 KM. PARCOURUS)

DU JAMAIS VU, UN PÉRIPLE DE PLUS DE 1800 KM. DE CARCASSONNE À DOUAI À VÉLO...


Marc et son épouse Shiu Hua qui résident à Carcassonne ont parcouru à vélo près de deux mille kilomètres pour arriver à Douai, après quelques étapes. Là, ils ont été accueillis par Jean Joly, Daniel Delecambre et André Léger. Depuis, ils sont retournés chez eux, laissant leurs vélos dans la famille, dans le Nord. Mais rendez-vous est déjà pris pour le Banquet du 6 avril 2014 à Douai, (sous réserve d'un calendrier déjà chargé) d'où ils repartiraient ensuite en reprenant leurs vélos vers Carcassonne...


Il faut savoir que depuis 2010, avec son épouse, ils partent  tous les deux à vélo pour des destinations aussi longues que variées :
- 2010 : la Provence et le Ventoux - 1130km en 18 j  
- 2011 : Carcassonne -Saint-Jacques de Compostelle - 1300km en 18j
- 2012 : Le Puy-en-Velay - Saint-Jean-pied-de-Port - 680km en 10j
- 2013 : le tour de Taïwan (d'où Shiu Hua est originaire) - 1200 en 14 j ,
- 2013 : le tour de Corse - 780 km et 11j
- 2013 : la Route des Copains jusqu'à l'ENG- 1800km en un mois

La Route des Copains a permis à Marc de revoir des amis de longue date (certains : plus de 40 ans !).
Ils sont passés par Andernos, Saintes (où ils ont vu 2 Normaliens : René Boulanger (65-69) et Jacques David (63- 67), Châtellerault, Chateaugiron, Elbeuf, Amiens, Berck, Gravelines, Lomme, Hem, Douai et enfin Solesmes (village natal de Marc)
La météo n'a pas été très favorable (orage en Bretagne, tempête de vent dans les Flandres) mais ça aurait pu être pire à ce qu'il paraît.
Côté vélo : 3 crevaisons...
Le plus dur a été le mal aux fesses qui s'est atténué en 3ème semaine (ils sont partis sans entraînement ce qui n'est pas à recommander de l'aveu même de Marc !)

Les vélos sont restés dans le Nord ce qui les incitera sans nul doute l'an prochain à terminer le Tour de France en descendant par l'Est (Champagne, Lorraine, Bourgogne, vallée du Rhône...)

Au final, ce fut un moment très intéressant riche en retrouvailles (par ex Jean Joly à Douai) et en rencontres imprévisibles (par exemple à Segré, ils ont été invités à dormir chez des gens qui "les ont trouvés sympathiques" - autrement ils ont dormi dans des hôtels ou des chambres d'hôtes qu'ils cherchaient en fin de journée)



de gauche à droite : DANIEL DELECAMBRE (65-70), MARC DELMOTTE (64-68), ET JEAN JOLY (44-45)



SHIU HUA & MARC DELMOTTE FÉLICITÉS PAR JEAN JOLY POUR LEUR BELLE PERFORMANCE

JEAN JOLY PRÊT À ENFOURCHER LE VÉLO À SON TOUR (chaudement encouragé par ses anciens élèves, Marc Delmotte (64-68), Daniel Delecambre (65-70) et André Léger (66-71)






article paru dans l'édition de Cambrai de la VOIX DU NORD

ÉCHOS DE VACANCES NORMALIENNES (REFLETS N°1 NOVEMBRE 1948) PYRÉNÉES, ANDORRE, FOIX, LABOUÏCHE, BOURG-MADAME AU PROGRAMME

Échos de vacances.

21 juillet 1948.
Un rapide file à 120  à l'heure, emmenant 26 normaliens et le directeur vers des régions inconnues de tous, vers Foix et les Pyrénées.
L'idée de ce voyage nous fut suggérée au début  de l'année dernière par Monsieur le directeur.
Mais un problème se posa immédiatement, à savoir comment trouver l'argent nécessaire pour réaliser ce projet.
C'est alors que nous avons décidé de préparer un spectacle susceptible d'être présenté dans diverses salles afin de nous procurer par notre travail les fonds indispensables.
La promotion toute entière apporta son concours. L'argent ainsi gagné n'était certes pas suffisant pour couvrir la totalité des frais de voyage. Monsieur le directeur réussi obtenir des subventions qui va grossir notre caisse.
... Et le 20 juillet à 23:56 et quelques secondes, nous voilà partis.
Arrivés à Paris, nous rencontrons notre camarade Jeff, les cheveux en bataille, les yeux bouffis, un peu vasouillard, qui venait, tel un clochard, de passer la nuit en Gare du Nord.
Et nous reprenons notre voyage vers Foix , voyage très long, ne manquant pas d'intérêt, effectué sous une chaleur accablante est coupé çà et là, par un véritable "rush" vers le château la pompe de la station.
A Souillac , avant même l'arrêt du train, une vingtaine de têtes sont penchées aux portières. Une immense clameur retentit : « Hubert… Hubert… »(1) 
En effet, le dit Hubert, revenant de Bordeaux, nous attend sur le quai et vient rejoindre le gros de la troupe. Le reste du voyage s'effectue sans incidents notables. Et, dans la soirée nous arrivons à Foix.
Dans la gare, nous recevons un accueil chaleureux, (il n'en pouvait être autrement étant donné la température) de M.Ritter, directeur de l'EN de Foix, qui nous conduit à l'école où nous nous empressons de faire nos  « pieux » et de nous y vautrer avec délices.
Le lendemain, nous faisons la connaissance de M. l'économe, du cuisinier et du personnel de service, tous très aimables et  dévoués.

LE CHATEAU DES COMTES DE FOIX

Après avoir visité le château du comte de Foix, nous nous rendons à la grotte de LABOUÏCHE 


LA RIVIÈRE SOUTERRAINE DE LABOUÏCHE 

(nous fûmes vite rrrrennn...dus, selon l'expression de notre chauffeur) ; nous voguons sur la rivière  souterraine, admirant le paysage de stalactites  et stalagmites, tout en évitant de heurter le plafond assez bas.

LES TERRASSES DU PECH

Après avoir fait l'escalade du « Pech » 
et être redescendus pour la plupart sur le derrière, nous partons vers Bourg-Madame et la frontière espagnole où un douanier franquiste (un SS en retraite, précise Alex) nous convie de façon assez brutale à nous  retirer parce que notre ami Hubert à la malencontreuse idée de vouloir photographier le pays du Caudillo.

BOURG-MADAME EN 1950
Après Bourg-Madame, en empruntant une route en lacets, aux tournants en épingles à cheveux, bordée de ravins qui nous donnaient le frisson, nous nous rendons en Andorre.

ANDORRA-LA VIEILLE
Là, véritable pays de cocagne, les normaliens peuvent se payer des « américaines » et des litres de vin à 33 Fr., verre compris !
Aussi le retour s'effectue  dans une atmosphère délirante, au son d'une chorale improvisée (mais de grande classe) dirigée par notre compatriote Serge Mascart, dit « le Grand ».
De temps en temps, la portière arrière de l'autobus s'ouvre discrètement pour livrer passage au trop plein de boisson et de confiture de certains estomacs car, c'est important à signaler, la confiture du Midi possède des facultés enivrantes inconnues parmi nous jusqu'alors et que nous n'avons jamais pu retrouver ailleurs.
Chaque soir, avant de nous coucher, nous devons faire une chasse impitoyable aux petites bestioles qui, avec un sans-gêne déconcertant, couvrent notre lit.
Et nous ne nous endormons jamais sans avoir terminé notre duel de « feintes » auquel participent évidemment Alex, Moumoute , ... et Hubert, la révélation de la saison.

À la venue des normaliennes de Tarbes et conformément à nos traditions, nous ne pouvons pas faire autrement que d'organiser un bal, lequel se déroula au milieu des sourires épanouis du personnel et des autorités directoriales des trois EN.
Mais, en toute chose, il faut considérer la fin.
Il fallut bientôt songer au retour. Nous n'avons qu'un seul regret : celui de ne pouvoir prolonger plus longtemps notre séjour, rendu d'autant plus agréable par l'enthousiasme de tous, la simplicité de Monsieur et Madame Hickel, et par la chaude camaraderie de Hubert.
Et maintenant tout le monde garde encore et gardera longtemps un très bon souvenir de ces vacances que nous avons pu nous offrir grâce à la bonne volonté et au travail de tous.
Nous avons voulu montrer par là que, lorsqu'ils le veulent, les normaliens d'une promotion unie peuvent atteindre de hautes réalisations.
Pour la promo « Renaissance »
R.LAPLACE, J. LECLERCQ., M.MOUTIEZ


(1) Hubert : fils de M. HICKEL

"NUMÉRO 1" de "REFLETS" LE JOURNAL DES NORMALIENS ( LE PLUS ANCIEN DES ARCHIVES DE MICHEL DEFRETIN (PROMOTION 46-50)

Numéro un
Le 25 novembre 1948
Voici la couverture du tout premier journal normalien connu après la Libération, qui nous vient des archives de Michel Defretin de la promo 46-50 et dont nous allons publier les bonnes pages au fur et à mesure de leur décryptage. Il est entièrement calligraphié (et non typographié) comme on peut le voir dans l'éditorial que nous reproduisons ci-après et qui ne manque pas d'ambition ... 




Voici un périodique tout neuf, tout nouveau : il vient de naître. Il vient après des dizaines d'échecs d'autres journaux de lycée, de faculté et après son « père » le «NORMALIEN » de l'année dernière.
Il est neuf, disions-nous, et cependant, nous le voyons, déjà débordant de vie, bourré d'articles, traversé de polémiques et animé non par 7 gars, mais par nos deux écoles normales.
À côté de lui, nous projetons des auditions de disques, des petites expositions d'art moderne, pourquoi pas ?
Il est vrai que notre enthousiasme n'a que deux semaines derrière lui. C'est à vous tous, normaliennes et normaliens du Nord, de le soutenir.
Le numéro deux doit être vôtre, et il paraîtra à la date que vous aurez voulue.
Bien-sûr, c'est tentant de tricoter un pull ou de jouer au poker mais faites tout de même quelque chose à côté.
L'équipe de REFLETS

Faites parvenir dès maintenant vos articles et suggestions à R. Stiévenard, ENG, quatrième année

Échos de vacances.
21 juillet 1946.
Un rapide file à 120  à l'heure, emmenant 26 normaliens et le directeur vers des régions inconnues de tous, vers Foix et les Pyrénées.
L'idée de ce voyage nous fut suggérée au début  de l'année dernière par Monsieur le directeur.
Mais un problème se posa immédiatement, à savoir comment trouver l'argent nécessaire pour réaliser ce projet.
C'est alors que nous avons décidé de préparer un spectacle susceptible d'être présenté dans diverses salles afin de nous procurer par notre travail les fonds indispensables.
La promotion toute entière apporta son concours. L'argent ainsi gagné n'était certes pas suffisant pour couvrir la totalité des frais de voyage. Monsieur le directeur réussi obtenir des subventions qui va grossir notre caisse.
... Et le 20 juillet à 23:56 et quelques secondes, nous voilà partis.
Arrivés à Paris, nous rencontrons notre camarade Jeff, les cheveux en bataille, les yeux bouffis, un peu vasouillard, qui venait, tel un clochard, de passer la nuit en Gare du Nord.
Et nous reprenons notre voyage vers Foix , voyage très long, ne manquant pas d'intérêt, effectué sous une chaleur accablante est coupé çà et là, par un véritable "rush" vers le château la pompe de la station.
A Souillac , avant même l'arrêt du train, une vingtaine de têtes sont penchées aux portières. Une immense clameur retentit : « Hubert… Hubert… »(1) 
En effet, le dit Hubert, revenant de Bordeaux, nous attend sur le quai et vient rejoindre le gros de la troupe. Le reste du voyage s'effectue sans incidents notables. Et, dans la soirée nous arrivons à Foix.
Dans la gare, nous recevons un accueil chaleureux, (il n'en pouvait être autrement étant donné la température) de M.Ritter, directeur de l'EN de Foix, qui nous conduit à l'école où nous nous empressons de faire nos  « pieux » et de nous y vautrer avec délices.
Le lendemain, nous faisons la connaissance de M. l'économe, du cuisinier et du personnel de service, tous très aimables et  dévoués.
Après avoir visité le château du comte de Foix, nous nous rendons à la grotte de la Bouïche (nous fûmes vite rrrrennn...dus, selon l'expression de notre chauffeur) ; nous voguons sur la rivière  souterraine, admirant le paysage de stalactites  et stalagmites, tout en évitant de heurter le plafond assez bas.
Après avoir fait l'escalade du « Pech » et être redescendus pour la plupart sur le derrière, nous partons vers Bourg-Madame et la frontière espagnole où un douanier franquiste (un SS en retraite, précise Alex) nous convie de façon assez brutale à nous  retirer parce que notre ami Hubert a la malencontreuse idée de vouloir photographier le pays du Caudillo.
Après Bourg-Madame, en empruntant une route en lacets, aux tournants en épingles à cheveux, bordée de ravins qui nous donnaient le frisson, nous nous rendons en Andorre.
Là, véritable pays de cocagne, les normaliens peuvent se payer des « américaines » et des litres de vin à 33 Fr., verre compris !
Aussi le retour s'effectue  dans une atmosphère délirante, au son d'une chorale improvisée (mais de grande classe) dirigée par notre compatriote Serge Mascart, dit « le Grand ».
De temps en temps, la portière arrière de l'autobus s'ouvre discrètement pour livrer passage au trop plein de boisson et de confiture de certains estomacs car, c'est important à signaler, la confiture du Midi possède des facultés enivrantes inconnues parmi nous jusqu'alors et que nous n'avons jamais pu retrouver ailleurs.
Chaque soir, avant de nous coucher, nous devons faire une chasse impitoyable aux petites bestioles qui, avec un sans-gêne déconcertant, couvrent notre lit.
Et nous ne nous endormons jamais sans avoir terminé notre duel de « feintes » auquel participent évidemment Alex, Moumoute , ... et Hubert, la révélation de la saison.

À la venue des normaliennes de Tarbes et conformément à nos traditions, nous ne pouvons pas faire autrement que d'organiser un bal, lequel se déroule au milieu des sourires épanouis du personnel et des autorités – directoriales des trois EN.
Mais, en toute chose, il faut considérer la fin.
Il fallut bientôt songer au retour. Nous n'avons qu'un seul regret : celui de ne pouvoir prolonger plus longtemps notre séjour, rendu d'autant plus agréable par l'enthousiasme de tous, la simplicité de Monsieur et Madame Hickel, et par la chaude camaraderie de Hubert.
Et maintenant tout le monde garde encore et gardera longtemps un très bon souvenir de ces vacances que nous avons pu nous offrir grâce à la bonne volonté et au travail de tous.
Nous avons voulu montrer par là que, lorsqu'ils le veulent, les normaliens d'une promotion unie peuvent atteindre de hautes réalisations.
Pour la promo « Renaissance »
R.LAPLACE, J. LECLERCQ., M.MOUTIEZ

(1) Hubert : fils de M. HICKEL


LA PAGE DE L'ASSISTANT D'ANGLAIS C.LIPTON



















Pensées  d'automne.
« Ô, si nous pouvions nous voir comme les autres nous voient »… dit Robert Burns le poète écossais. Pour votre bien et profit, -j'espère-  voici quelques impressions fugitives d'un bleu, votre assistant d'anglais.
Vision, bruits de choses que jamais je n'oublierai :
Nos élèves en travaux agricoles, balayant les feuilles d'automne et apportant aux occupations rustiques le même infaillible intérêt que la mise au point d'une version anglaise.
Quand, bien vite, le prof Denaw sonne l'alarme à 5:00 (ou plutôt, n'est-ce pas toujours à 5:00 moins une minute ou deux ?) La torpeur d'un languissant après-midi cède place à un dynamisme renouvelé. 
Il semble qu'une décharge électrique vienne de propulser à travers la cour tous ces élèves, langue pendante, vers la petite salle du coin. Là, leurs appétits de fauves vont se rassasier d'un énorme quignon d'un affriolant pain sec, si volumineux qu'il faut la bouche d'un normalien pour se mesurer avec eux.
Désormais se sont éteints les accents mystiques de Loulou qui fut pour nous un cri de ralliement, la marseillaise du stade Demény.
Ces mêmes robustes poumons, ces mêmes voix stridentes qui ébranlent jusqu'aux fondations du terrain de basket, subissent une métamorphose dans la salle de classe et susurrent si doucement, si faiblement et ô, si péniblement, comme la petite voix tranquille dont parle la Bible.
Les athlètes jeunes et fringants, débordant de vigueur et d'énergie,  fument pourtant beaucoup plus qu'il n'est raisonnable pour quiconque se consacre sérieusement au sport. Et la qualité du tabac aussi est un facteur de l'endurcissement des Français : elle mettrait KO n'importe quel docker anglais. Si Dalilah, au lieu de couper les cheveux de Samson, lui avait offert un paquet de gauloises, elle serait aussi bien parvenue à ses fins.
La gamme des sobriquets et petits noms est variée, par exemple Théo  et Lucien, Coco et Ben, l'araignée et Gabelou… (Je serais très heureux de connaître le mien).
Le baptême fut aussi effrayant pour les bleus qu'intéressant pour moi (jusqu'au moment où quelqu'un suggéra… que je devais être baptisé, moi aussi). Ce fut la première fois depuis l'armée que l'on me cira mes souliers (n'est-ce pas Wibaille !)
Quelles intéressantes personnalités nous eûmes à l'école, ce jour-là ! Fées bondissantes, danseurs de ballets, arabes imposants, indiens sauvages et très antipathique bourreaux !
Quelle différence avec tout cela quand le samedi, nous nous retrouvons, paix et tranquillité ; de fourmillants bataillons défilent sous le porche, valises et sacs bondés de linge sale et de pots de confiture vides. Tous clignent des yeux à notre adresse, -nous internes-, et crient effrontément :« bon dimanche » .
« Bon week-end et bon courage ! »
C. Lipton





















LE DIAPORAMA DES 12 PAGES DE CE DOCUMENT QUE NOUS PUBLIERONS AU FUR ET À MESURE DE LEUR DÉCRYPTAGE. À découvrir en musique...

ARTICLES LES PLUS CONSULTÉS